Un peu de mon histoire et de mon regard.
Mini-biographie rythmée au gré de titres de romans et de titres musicaux...
1979-1995: L' enfant (Jules Vallès - Tome 1 de la trilogie "Mémoires d'un révolté")
Une enfance faite de joies, de tristesses, d' erreurs. Certainement celle de tout un chacun... Une portion de vie surtout marquée par des vacances à la campagne. Les travaux des champs en compagnie de Papi et les bonnes frites à la graisse de canard de Mamie. Une conception de la vie simple et sincère où les paroles et les actes ont une vraie valeur.
C'est à eux que je dois cet intérêt pour la sensualité à son sens premier : l'éveil des sens. L'odeur primale d'un feu de cheminée, le toucher rugueux d'une main fatiguée par le travail manuel, le goût de la prune tout juste cueillie de son arbre, le son du vent dans les feuilles.
Et l'observation; car c'est un milieu où l'on parle peu, alors on apprend à regarder...
1996-1998: Le Bachelier (Jules Vallès - Tome 2 de la trilogie "Mémoires d'un révolté")
Passons brièvement sur le parcours scolaire qui n'a rien à voir avec la photographie. Je fais de ce paradoxe un atout. L' art, la littérature, les langues, l'observation, l' écoute m' ont été bien souvent d'un plus grand secours que la connaissance technique du fonctionnement d'une chambre noire !
1999-2004: L'étudiant étranger (Philippe Labro)
Plutôt étudiant en langue étrangère ! Alors que je n'avais pas d'affinités particulières avec cette langue, là encore c'est une rencontre humaine qui me mena vers cette voie. Une professeure d'espagnol en fin de carrière, slave déracinée, me transmit cette appétence pour la langue de Cervantès.
Du coup, quelques voyages en péninsule ibérique ou en territoires latinos pour parfaire la langue, s'imprégner de la culture, de l'âme du pays et voilà que la photographie pointe son nez.
Photographier ce que je vois, c'est facile, presque inné ! Pourtant les commentaires sont toujours les mêmes : "c'est original" "je ne voyais pas ça comme ça". Mais pourtant nous étions ensemble, côte à côte et je n'ai pas vu la même chose que toi...
Cette différence, drame d'une vie ou chance extraordinaire, ce sera tantôt l'un ou tantôt l'autre, jusqu'au bout.
2007: L'insurgé (Jules Vallès - Tome 3 de la trilogie "Mémoires d'un révolté")
C'est la révolution des reflex numériques (qui permettent -enfin- de rivaliser avec leurs aînés argentiques) qui me pousse à créer ma petite structure de photographe pro sous le nom de: Regards d'émoiS. Petit jeu de mots évocateur de cet état d'esprit qui m'anime : confronter le regard aux émotions.
Regard que les gens ont sur eux-mêmes, celui que j'ai sur eux; bien souvent très différent d'ailleurs !
Et ce n'est pas Stéphanie, alors jeune mariée, qui laissera dire l'inverse. Voici ce qu'elle a écrit sur mon premier site internet après avoir vu ses photos de mariage:
"Il ne regardera jamais là où vous lui direz; pourtant il est le seul à vous voir vraiment".
2014: Webcams de nos amours (Damien Saez - Messina - 2012)
Malheureusement cette banalisation du numérique fait de tout le monde un photographe !
Alors, lassé de voir cette mécanisation des prises de vue et le côté "PHOTOMATON" de nombreux mariages, j'ai décidé d'orienter progressivement mes reportages vers une vision plus poétique, plus personnalisée, plus émotionnelle.
Car en définitive il n'y a que cela qui compte: l'émotion !
Après le mariage on regardera les photos pour revivre ces moments uniques, on rouvrira l'album pour voir combien ils étaient si nombreux à nous aimer ce jour là, pour voir combien les enfants ont grandi, pour revoir ceux qui seront toujours partis trop tôt...
C'est pour tout cela et bien plus encore que l'on s'émotionnera ensemble !
2017: Despacito (Luis Fonsi et Daddy Yankee)
Petit à petit je constate qu'il manque encore de nombreux détails pour arriver à unifier ma vision.
Premièrement, à vouloir donner de la personnalité, de la singularité à mes images je me suis heurté au "tout automatique".
En effet comment apporter une originalité à mes images si je reste sur le mode "AUTO" de mon appareil ? Du coup, exit l'automatisme et bonjour au mode "MANUEL".
Mais la philosophie ne s'arrête pas là; exit aussi les zooms et bienvenue aux focales fixes. C'est contraignant, il faut bouger, se pencher, même des fois se tordre mais au diable la paresse. Car cela n'a rien à voir sur le rendu final ! Et puis c'est bon pour la santé !
Enfin, pour parfaire le tout, la retouche est plus présente. Mais une retouche subtile; pas question de photoshoper les corps et de mondialiser une silhouette. Le travail se fait sur la couleur, les cadrages et la lumière; le tout au service d'un naturel embelli.
2018: La maison aux 100 étages (Toshio Iwai)
Dans ce livre pour enfant, Tochi, un petit garçon fasciné par les étoiles, est invité à monter les 100 étages d'une maison, pour s'approcher du ciel. Au cours de ce périple il rencontrera nombreux de ses congénères et s'ouvrira à l'autre.
Du monde, j'en ai rencontré ! Et cette année là c'est l'occasion de réaliser mon 100ème mariage. Au delà du chiffre emblématique c'est aussi une forme d'accomplissement pour moi, un témoin des évolutions positives de notre société.
En effet il s'agissait d'un superbe mariage gay !
30/01/2019: Mon vieux (Daniel Guichard - 1974)
"Parti dans un sommeil dont il ne s'est pas réveillé". Cette si belle phrase, empruntée, donne en quelques mots dignité et poésie à cette saloperie qu'est la mort...
-"Papa, c'est à peine si j'ai eu le temps de te dire au revoir; toi toujours en retard et là, si pressé..." Pas eu le temps.
Hier les mots, et aujourd'hui, les photos, me manquent. C'est un crève-cœur; moi qui ai si souvent pris en photo des "inconnus", par milliers, j'ai si peu immortalisé celui qui se cachait toujours derrière une cigarette à moitié allumée...
Cette leçon de vie me conforte dans cette orientation photographique émotionnelle. Vous donner, à chaque page, l' envie de revivre vos beaux moments. Faire de ces instants de vie, des souvenirs de toute votre vie et de celles d'après...
A suivre...